Portraits de femmes de la DGE #24 : Inès Bélus
La Direction générale des Entreprises (DGE) met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui font la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Inès Bélus, chargée de mission Affaire européennes au Service de l'économie de proximité (SEP).
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
J’ai étudié les relations internationales puis me suis spécialisée sur l’Union européenne à Sciences Po. L’Europe est le fil rouge de mon parcours professionnel ; j’ai occupé plusieurs fonctions toutes liées aux questions européennes, que ce soit à Bruxelles durant 10 ans (Parlement européen, représentation de région auprès de l’UE) ou à Paris (Ville de Paris). J’ai ensuite voulu me consacrer à l’élaboration de politiques publiques au niveau européen. C’est ainsi que j’ai rejoint la DGE au sein de la Sous-direction du Tourisme en mars 2020.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
Je pilote la préparation des positions de la DGE au groupe « tourisme » au Conseil de l’Union européenne. Participer à la négociation des textes législatifs au Conseil est passionnant ! J’ai été fortement mobilisée pendant la Présidence française de l’Union européenne au cours de laquelle j’ai préparé des éléments de fond pour la Conférence ministérielle informelle des 27 ministres chargés du tourisme à Dijon (les 17 et 18 mars 2022).
J’ai l’opportunité d’être en contact avec de nombreux services au sein de la DGE (Mission de l’action européenne et internationale, Service de l’économie numérique, etc.) car les enjeux du secteur du tourisme sont dépendants de nombreuses questions : la protection des consommateurs, l’enjeu des données numériques, etc. Par ailleurs, la crise sanitaire a considérablement impacté la politique européenne en matière de tourisme ainsi que d’autres politiques, notamment, en matière de visas et de santé.
En résumé, j’aime travailler au cœur de l’actualité européenne et nationale, et avoir une vision transverse des sujets ; et mon poste me permet de développer pleinement ces deux aspects.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Je pense qu’il y a véritablement une prise de conscience sur l’importance du sujet dans la sphère professionnelle. Des mesures ont été prises, ce qui n’empêche pas le maintien de fortes inégalités en matière d’accès aux fonctions encadrantes, de rémunération etc. Donc il faut aller plus loin !
La question de la politique des quotas a été une vraie prise de conscience pour moi. Au début, je n’en voyais pas l’intérêt, mais lorsque j’ai accepté un poste à responsabilités, je me suis rendue compte de l’écart de traitement qui existait entre femmes et hommes dans le monde du travail. Il m’a semblé évident à partir de ce moment d’imposer des règles, particulièrement parce que j’ai travaillé dans des milieux politiques encore très « masculinisés » en termes de mentalité.
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
Si je me fie à mon expérience nationale et européenne, je dirais que toutes les administrations commencent ou sont déjà dotées de politiques en faveur de la parité et c’est cela à mes yeux le grand changement. Les administrations sont beaucoup plus volontaristes qu’il y a quelques années. La DGE en est un bon exemple. On trouve également des actions qui visent à appliquer le « gender Equality » à tous les niveaux : tant au sein des institutions européennes qu’au niveau européen avec l’adoption d’une stratégie qui vise à promouvoir l’égalité hommes-femmes au sein de l’UE pour la période 2020-2025 et qui a été présentée par l’actuel exécutif européen en mars 2020. L’égalité hommes-femmes constitue en effet une priorité d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne depuis 2019 qui est la première femme à diriger l’institution.
Parmi les objectifs poursuivis par cette stratégie de la Commission européenne figurent une égalité de participation et de chances sur le marché du travail ou encore l’équilibre entre femmes et hommes en matière de prise de décision dans le domaine politique.
Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus de tabou dans les discours, y compris sur les sujets qui relevaient autrefois de la sphère personnelle comme la conciliation des temps de vie. C’est d’ailleurs une excellente chose car l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle peut poser de vraies difficultés pour les femmes.
Je nuancerais ce propos néanmoins car j’ai pu constater que tous les pays de l’Union ont des difficultés sur le sujet. Il est vrai que les pays d’Europe du Nord ont des politiques beaucoup plus volontaristes donc ils s’en sortent un peu mieux (comme l’a montré l’exemple du congé parentalité en Suède), mais des progrès restent à faire partout, y compris chez les premiers de cordée !
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
Je trouve qu’en termes de politique d’égalité, la DGE est plutôt bien outillée car elle s’est pleinement emparée du sujet. Le plan d’égalité professionnelle de la DGE (2023-2025) aborde de nombreux sujets, et notamment la lutte contre les écarts de rémunération.
Un axe de ce plan qui me tient particulièrement à cœur est la mesure visant à atteindre 40% de femmes en poste sur des emplois de direction et d’encadrement. A ce titre, une action qui me semblerait pertinente serait d’effectuer des bilans accessibles aux agents comme au grand public avec des indicateurs sur la manière dont la mesure a été mise en place et quel en est le succès. (NDLR : chaque année, la DGE publie un bilan de son plan égalité qui est disponible sur la page « Egalité ».)
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Quelle est votre première mesure ?
Deux combats :
- La lutte contre les écarts de rémunération entre hommes et femmes ;
- La lutte contre les stéréotypes de genre à l’école.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
Oui, en effet. J’ai commencé ma carrière sans frein et sans difficulté particulière puis j’ai occupé assez tôt des postes à responsabilités. C’est en étant à ces postes que j’ai vécu une forme de discrimination parce que j’étais une femme. Le plus courant, ce sont des allusions voire des plaisanteries sexistes ou de ne pas avoir la parole… voire de se la faire couper (alors que mes collègues hommes ne l’étaient pas). J’ai évolué dans un milieu marqué par tous les codes masculins « traditionnels » et sous couvert de normalité, il fallait accepter ces blagues sexistes.
Lorsque je me suis retrouvée confrontée à ces situations, j’ai réagi de manière très spontanée. En faisant preuve de diplomatie mais aussi de fermeté. C’est important de ne rien laisser passer !
Une figure féminine qui vous inspire ?
Une, c’est un choix difficile ! Je suis particulièrement inspirée par les femmes pionnières donc je vais en citer quelques-unes :
- Simone Veil que l’on connait pour son travail sur la légalisation de l’avortement mais qui a aussi été la première femme élue au suffrage universel au Parlement européen.
- Toujours dans le domaine politique, j’ai en tête la figure de Louise Weiss qui non seulement s’est battue pour le pacifisme et le droit des femmes mais qui a refusé un poste de ministre proposé par Léon Blum car elle souhaitait que les femmes puissent être élues en politique comme les hommes et non simplement nommées. Dans un autre style, je pense aussi à Joséphine Baker, femme de spectacle et résistante récemment entrée au Panthéon
- Dans le monde de la musique, on trouve beaucoup de figures inspirantes : la pianiste Martha Argerich et la cheffe d’orchestre Alondra de la Parra . Elles ont toutes les deux réussi à s’imposer dans le milieu de la musique classique qui est encore peu paritaire. La direction d’orchestre est encore un milieu exclusivement masculin.
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
Ne renoncer à rien donc ne rien s’interdire : tout est possible, il faut simplement oser !
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