Portraits de femmes de la DGE #21 : Anne Le Bars
La Direction générale des Entreprises (DGE) met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui font la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Anne Le Bars, chargée de mission Santé et France 2030, DREETS AURA.
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
Mon sujet de prédilection, c’est l’innovation.
Titulaire d’un doctorat en économie de l’innovation, j’ai débuté ma carrière au SGAR de la Région Rhône-Alpes : j’étais notamment en charge de l’observatoire des mutations économiques, qui proposait des plans d’actions concertés entre l’État et la Région. J’ai ensuite travaillé directement pour la Région Rhône-Alpes pendant plusieurs années sur des dispositifs comme le contrat de plan État Région (CPER) ou le Programme Investissements d’Avenir (PIA). Après cette expérience en collectivité, j’ai souhaité passer de l’autre côté et prendre un poste dans la fonction publique d’État. Je suis donc arrivée en mai 2022 au sein de la DREETS Aura.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
Mon poste comporte deux volets : d’une part, je m’occupe du suivi des industries de santé. D’autre part, je coordonne le dispositif France 2030 au niveau régional.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes est très dynamique sur le plan des industries de santé. On compte beaucoup de projets innovants et variés, j’en découvre quotidiennement ! Je rencontre les chefs d’entreprise et je les accompagne pour qu’ils identifient les bons guichets pour le financement de leurs innovations.
Pour le déploiement de France 2030, je suis en relation avec les chargé(e)s de mission des différentes filières du service. Je suis également en lien avec la Région et Bpifrance. C’est un sujet plus complexe car il y a beaucoup d’intervenants à coordonner mais cela me permet de voir l’ensemble des dossiers déposés sur toutes les thématiques et d’avoir une vision large et transverse de la situation économique en Auvergne-Rhône-Alpes.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
C’est un sujet auquel je suis sensible depuis toujours et je constate que des inégalités persistent.
Dans le monde du travail, on voit globalement moins de femmes sur les postes les plus en vue. Je suis souvent parmi les rares femmes au sein de réunions de travail (internes ou externes). Je constate cependant un changement côté fonction publique : nous avons désormais une préfète de région, une SGAR et une directrice de DREETS. En revanche, sur le volet des chefs d’entreprise, le milieu reste très masculin.
Toujours dans la sphère professionnelle, je m’interroge encore sur le bon accompagnement des congés parentalité par les entreprises et les administrations. Lorsqu’une femme prend un congé parental pour s’occuper de son enfant, son choix n’est pas toujours bien perçu et accepté. Et ce n’est pas un choix qui est valorisé dans les entretiens d’embauche, alors qu’il ne s’agit que de quelques années sur quarante-quatre de vie professionnelle !
Sur le plan sociétal, certains jeunes hommes peuvent parfois tenir des propos sexistes juste par reproduction d’un discours majoritaire. Le dialogue et l’éducation permettent alors de leur faire prendre conscience de leurs propos et de s’interroger. Et en parallèle, d’autres d’entre eux peuvent souffrir d’être perçus uniquement comme des dominants. C’est pourquoi, je pense qu’il faut avoir un discours global qui s’adresse à tout le monde dans la société, hommes et femmes.
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
Oui, la situation s’améliore dans la fonction publique. Il y a de plus en plus de femmes qui occupent des postes à responsabilités, et leurs nominations sont désormais davantage valorisées.
Ces actions permettent de montrer que les femmes sont capables de diriger un service ou une entreprise. La visibilité des femmes dans le milieu du travail s’est accentuée. Je crois que c’est important car cela permet de donner à voir des modèles féminins et ainsi de permettre aux femmes de se projeter plus facilement sur ces postes.
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
- Inciter les femmes à postuler sur certains postes, en allant chercher des profils féminins. La meilleure promotion de la place des femmes, c’est d’avoir une vraie mixité, femmes et hommes dans les services.
- Remplacer les femmes et les hommes partant en congés parentalité (NDLR : depuis 2023, le remplacement systématique des congés maternité est prévu dans le plan Égalité de la DGE). En effet, lorsque par exemple, une femme part plusieurs mois en congé maternité et n’est pas remplacée, cela crée une surcharge de travail pour les autres et donc on culpabilise ! Dans mon ancien travail, il y avait une équipe de personnes « volantes », rattachées à la DRH, adaptables et réactives, et qui pouvaient intervenir en renfort en fonction des besoins des services (absence pour longue maladie, congés parentalité, aléas divers). (NDLR : dans un dispositif similaire, l’administration centrale de la DGE est dotée d’une Cellule d’appui aux projets. Les agents de cette Cellule sont mis à disposition des services pour les accompagner en cas de surcharge de travail, d’aide au pilotage ou à l’outillage d’un projet etc.)
- Faire mieux connaître, dans les services déconcentrés, les actions menées en centrale en faveur de l’égalité femmes-hommes.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Je ferai d’abord une mesure sur l’éducation afin battre en brèche les stéréotypes sur le comportement dès le plus jeune âge. On assigne inconsciemment des rôles aux filles et aux garçons. C’est un travail de longue haleine, il s’agit de lutter contre les préjugés de genre durant la petite enfance, en ayant le même discours et les mêmes attendus pour les petites filles que pour les petits garçons.
Ensuite, je rallongerai le congé paternité à 3 mois comme les femmes. Combien d’hommes n’osent pas prendre ce congé parce que c’est mal vu dans leur entreprise alors que la venue d’un enfant est un moment important dans leur vie ?
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
Non, pas particulièrement. Je n’ai par exemple jamais eu d’appréhension à annoncer que j’étais enceinte, les collègues étaient contents pour moi, et après on s’organise.
Une figure féminine qui vous inspire ?
L’autrice nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. J’ai commencé par le livre Americanah puis ai lu tous les autres. Elle évoque des situations de sexisme et de racisme avec beaucoup d’humour. C’est une personne, charismatique, avec un ton décomplexé sur le sujet.
Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?
D’abord, oser faire ce qu’on a envie de faire, ne pas se mettre de freins inutiles, faire preuve d’initiatives et profiter d’être dans un environnement plutôt bienveillant envers les femmes pour favoriser l’égalité et la mixité des équipes.
Et je dirais aussi s’entraider. Mes collègues féminines sont plutôt attentives et solidaires entre elles. Certaines d’entre elles participent à des réseaux locaux féminins. Quand elles en reviennent, elles sont reboostées ! C’est important de faire partie de différents cercles et réseaux : cela permet de partager des idées et de se redonner de la motivation !
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