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Portraits de femmes #43 : Marion Humez

Marion Humez est designer de politiques publiques au Secrétariat général de la Direction générale des Entreprises (DGE).

Publié le : 12 déc 2025
Marion Humez
© DGE

Quel est votre parcours et pourquoi avoir choisi de venir à la DGE ?

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu envie de devenir designer car c’est un métier qui allie à la fois la conception technique et une dimension créative. J’ai effectué mes études de design à l’école normale supérieure, ce qui m’a permis de devenir fonctionnaire.

Pendant quatre ans, j’ai enseigné le design et les arts appliqués à l’école Boulle et j’ai en parallèle été designer en freelance. J’ai notamment travaillé pour un laboratoire pharmaceutique : mes missions consistaient à parfaire l’utilisabilité de ses produits numériques en travaillant avec les utilisateurs.

Enseigner était très intéressant, notamment le suivi des projets des étudiants, mais le métier de designer à plein temps me manquait. J’ai donc décidé de me reconvertir, tout en restant dans le secteur public, du fait de mon envie de servir l’intérêt général.

Un poste de designer de politiques publiques venait tout juste de s’ouvrir à la DGE et il correspondait à mes critères. L’angle économique et la diversité des secteurs couverts me semblaient être un bon terrain pour le design. J’ai ainsi intégré la Cellule d’appui aux projets (CAP) de la DGE en 2023. Je fais aussi partie du réseau professionnel des designers publics d’État, Designers Publics, au sein duquel nous partageons des bonnes pratiques et des réflexions afin de développer des outils et méthodologies ou encore pour faire la promotion de notre métier auprès du grand public.

Dites-nous en plus sur votre poste actuel et vos missions.

À la CAP, je suis entourée d’une équipe de trois designers en apprentissage et en stage. Je répartis les projets en fonction de leurs appétences, de leurs compétences et de leurs spécialités. Je pilote les projets, et nous travaillons en équipe sur tous nos sujets. 

Le design de politiques publiques vise à appliquer la pratique du design, c’est-à-dire concevoir tout ce qui constitue notre environnement vécu (produits, espaces, interfaces, etc.), aux enjeux relevant de l’intérêt général. Observer le réel et partir des besoins du terrain est au cœur de notre pratique, nous réfléchissons essentiellement à partir de l’expérience vécue des usagers et leurs besoins dans un contexte donné. Notre valeur ajoutée repose sur nos capacités de formalisation et notre créativité. Nous utilisons de nombreux outils, physiques comme numériques, pour développer des concepts en les matérialisant.

Les projets sont très différents et parfois expérimentaux car avoir des designers dans l’administration est nouveau. Je traite actuellement trois catégories de projets :

  • des cartographies. Nous apportons nos compétences de conception formelle. Nous intervenons en amont de la réflexion car le but n’est pas de produire quelque chose d’esthétique mais de créer un outil concret qui hiérarchise et communique différemment les informations. Il y a à la fois de la réflexion stratégique et de la formalisation. Le fond n’est en effet pas dissocié de la forme, c’est un travail en collaboration étroite avec les services métiers sur des sujets souvent complexes ;
  • des projets de design qui peuvent s’appliquer à des sujets très divers, en droit notamment, à travers lesquels nous développons de nouveaux concepts, de nouvelles solutions pour les agents et avec les agents. Par exemple, pour faciliter la compréhension du régime des aides d’État en faveur de la mobilité propre, nous avons constaté qu’il manquait un outil adapté en termes de ressources et de pédagogie. Nous avons donc conçu un document le plus opérationnel possible pour les agents qui ont besoin de mobiliser ces textes européens de la manière la plus concrète et pragmatique possible ;
  • des projets d’incubation où les équipes nous remettent les problématiques sur lesquelles nous allons ouvrir les pistes de réflexion. Il y a une dimension exploratoire : à partir de l’immersion sur le terrain auprès des usagers, nous dégageons des problématiques innovantes pour la DGE, c’est une manière différente de développer les politiques publiques. Nous faisons également du design fiction qui nous permet de réfléchir aux usages et services de demain, de projeter des évolutions sociétales. Le but est de pousser une réflexion plus prospective et stratégique à long terme.

Selon moi, le design prend de l’intérêt sur des projets à long terme car c’est à cette échelle temporelle que l’exploration des sujets ainsi que la conception par itérations donnent les meilleurs résultats.

Pour chaque projet, nous employons des méthodologies différentes en fonction du contexte.  Nous commençons toujours par un travail de recherche conséquent, fondé sur des documentations sociologiques et historiques, sur des rapports et des études en sciences humaines. L’objectif est de s’immerger un maximum dans le sujet. 

Nous pouvons aussi nous rendre sur le terrain, avec plusieurs façons de faire. L’idéal est d’aller à la rencontre des entreprises et des personnes concernées et impactées par le sujet sur lequel nous travaillons. Leur espace de travail (atelier, bureau) par exemple nous donne de nombreuses indications. L’observation active à travers la prise de notes et la réalisation de croquis est aussi une méthode essentielle pour révéler des détails permettant d’apporter une nuance. Nous réalisons aussi des entretiens à distance.

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre fonction ? À la DGE ?

J’aime travailler en équipe ! Il y a un côté stratégique très intéressant car nous réfléchissons à plusieurs et, bien évidemment, c’est aussi très enrichissant humainement.

J’aime aussi la dimension expérimentale et en construction de ma fonction. Le fait que ce soit une création de poste a été un formidable terrain de jeu, c’est une chance de pouvoir construire son poste, son équipe et son environnement de travail. Le design de politiques publiques est une pratique qu’il a fallu intégrer et faire connaître, notamment grâce à la formalisation d’une offre de services, des outils et processus, des niveaux de connaissance et d’affinité. Cela m’a aussi beaucoup fait réfléchir à ma propre pratique du design dans le cadre de l’administration. Pouvoir tout mettre en place et faire évoluer des manières de fonctionner, même si cela n’a pas toujours été évident, est stimulant. Nous sommes dans un environnement de travail qui s’y prête bien. 

J’aime bien le fonctionnement de la DGE. Je pense que des bonnes conditions de travail reposent notamment sur une communication fluide. Tout est mis en œuvre pour faciliter la transversalité à la DGE, ne serait-ce qu’avec le mode projet et la manière dont est structurée la direction. C’est une réelle plus-value au quotidien. La variété des missions et des sujets traités à la DGE est aussi stimulante. L’état d’esprit général est très ouvert. Il y a une part importante consacrée à l’humain qui est appréciable, avec des événements de convivialité réguliers par exemple. 

Un conseil aux femmes qui liront votre portrait ?

À partir de mon expérience, je leur dirais qu’il ne faut vraiment pas avoir peur de bifurquer dans son parcours. Prendre une voie qui n’est pas toute tracée ne peut qu’enrichir notre profil, il faut se faire confiance. 

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