• Égalité professionnelle

Portrait de femme #42 : Camille Larminay

Camille Larminay est cheffe de projets « financement de grands projets industriels européens » au Service de l’industrie de la Direction générale des Entreprises (DGE).

Publié le : 21 oct 2025

Quel est votre parcours et pourquoi avoir choisi de venir à la DGE ?

J’ai réalisé mes études à Science Po. Après une licence généraliste, c’est un stage effectué à l’ambassade de France à Berlin qui m’a donné le goût de l’action publique et l’envie d’axer mon parcours sur la transition écologique au sein des territoires. J’ai ainsi débuté ma carrière dans l’association Initiatives pour l'Avenir des Grands Fleuves (IAGF) qui m’a fait découvrir le secteur industriel sous le prisme de l’énergie et de la gestion fluviale.                              

J’ai ensuite intégré la DGE en 2023, avec laquelle j’avais déjà travaillé, en tant que chargée de mission « eau, chimie et plasturgie » au sein de la sous-direction de la chimie, des matériaux et des éco-industries du service de l’industrie. Avec mon parcours et mon appétence pour les politiques publiques économiques, rejoindre cette direction était vraiment mon premier choix. 

Mon arrivée a été marquée par le lancement du plan Eau, dont la mise en œuvre de plusieurs mesures innovantes, notamment dans l’industrie, revenait à la DGE. J’ai ainsi pu travailler avec les filières industrielles (agroalimentaire, chimie, nucléaire, etc.) sur les enjeux de sobriété hydrique et en particulier sur les plans de sobriété des 50 sites engagés dans cette démarche. C’était un exercice assez nouveau, pour les entreprises et pour l’administration, donc un vrai challenge ! J’ai aussi collaboré avec la filière du raffinage et de la plasturgie, dans un contexte économique et international très difficile pour l’industrie chimique, pour mettre en place des mesures visant à renforcer leur résilience et leur implication dans la transition écologique.

Cette première expérience très complète à la DGE a renforcé mon envie de continuer au sein de la direction. En 2024, je me suis ouverte à un nouveau secteur en prenant le poste de cheffe de projets sur le financement de projets européens en santé à la Sous-direction des industries de santé, des biens de consommation et de l'agroalimentaire (SDISBCA). 

Dites-nous en plus sur votre poste actuel et vos missions.

À SDISBCA, il y a deux directions de projets dédiées au secteur de la santé. L’une traite des médicaments innovants et des dispositifs médicaux et l’autre, au sein de laquelle je suis positionnée, du renforcement de la souveraineté sanitaire

Ma mission principale consiste à piloter la mise en œuvre des Projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) dans le secteur de la santé. Ces projets collaboratifs, associant des entreprises partenaires issues d’au moins quatre États membres de l’Union européenne et répondant à un objectif d’intérêt européen, visent notamment à faire émerger des champions technologiques dans le domaine des médicaments et des dispositifs médicaux. L’ambition est de renforcer la souveraineté française et européenne en la matière et de réduire les tensions d’approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux stratégiques. La France, et en particulier la DGE, coordonne les PIIEC relatifs à la santé pour les autres États membres auprès de la Commission européenne. Nous avons donc une capacité d’action importante pour soutenir et faire émerger ces technologies.

Notre équipe intervient dans la sélection des projets français, la coordination entre les États membres et la Commission européenne pour que les projets puissent être soutenus et autorisés en Europe et pour qu’ils soient cohérents les uns avec les autres. Nous accompagnons les entreprises bénéficiant d’une aide au niveau national et tâchons de répondre au mieux à leurs besoins et enjeux. Nous nous assurons que les garanties soient suffisamment importantes en termes d’empreinte industrielle en France, de propriété intellectuelle et d’effets de filière pour tout le secteur. Nous pilotons aussi l’appel à manifestation d’intérêt « Partenaires indirects du PIIEC santé » grâce auquel nous sélectionnons des entreprises qui apportent une collaboration technologique innovante aux lauréats des PIIEC. L’objectif est de créer un effet d’entraînement. 

Il y a un gros travail de coordination entre les échelles européenne et nationale, avec d’une part l’interministériel et d’autre part les entreprises, mais aussi en interne au sein de la DGE, puisque les PIIEC mobilisent différentes équipes. 

Je n’ai pas vraiment de journée type : mes actions dépendent du stade d’avancement des projets. Je peux avoir une réunion de négociation avec la Commission européenne sur le statut d’autorisation des projets en santé, échanger avec mes homologues des autres États membres participants, travailler directement avec les entreprises lauréates ou encore participer aux sélections des partenaires indirects avec les autres ministères, etc.

Il y a une grande marge de manœuvre, ce qui est vraiment intéressant, et une dimension internationale importante. Nous essayons aussi de « démocratiser » les PIIEC car cet outil d’aide d’État est plus abordable pour les entreprises qu’il n’y paraît, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Nous travaillons également sur la simplification des procédures pour réduire la période d’instruction européenne afin que les projets puissent être sélectionnés, présentés à la Commission européenne et autorisés rapidement. Nous avons réussi à le faire dans le cadre du deuxième PIIEC santé sur les dispositifs médicaux innovants, pour lequel des projets sélectionnés ont même été autorisés en moins de six mois !

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre fonction ? À la DGE ?

Ce que j’apprécie le plus est de travailler étroitement avec les entreprises pour les accompagner de la manière la plus fine possible et de toujours réussir à trouver un équilibre entre leurs besoins et les ambitions nationales de réindustrialisation, de relocalisation et de transition écologique. Pouvoir échanger en permanence avec elles pour ajuster nos dispositifs est très enrichissant. Travailler en mode projet me plaît aussi. Identifier un besoin, trouver le dispositif le plus adapté, convaincre au niveau politique et ensuite le mettre en œuvre, parfois jusqu’à une échelle très fine, notamment grâce à l’appui des collègues en Services économique de l’état en région (SEER), est très motivant. La DGE se mobilise ainsi rapidement sur des nouveaux enjeux : accompagnement en matière de défense commerciale, décarbonation des sites les plus émetteurs, cartographie des filières stratégiques, etc., ce qui permet d’avoir de l’impact. Les équipes-projets de la DGE portent également des initiatives qui me tiennent à cœur. C’est avec plaisir que je m’investis dans celle dédiée à l’égalité entre les femmes et les hommes, en contribuant à mettre en place des conférences et formations en vue de renforcer l’exemplarité de la direction en la matière.

Un conseil aux femmes qui liront votre portrait ?

Tout d’abord, je dirais de ne pas redouter de travailler sur des sujets techniques et donc d’oser. Il persiste un déséquilibre très important en termes de représentation femme-homme au sein des secteurs industriel, technologique et plus largement dans le monde économique, alors qu’ils mériteraient – et bénéficieraient grandement ! – d’avoir plus de femmes dans des postes à responsabilités.

Ensuite, il me semble crucial d’aimer ce que nous faisons car cela incite à toujours être proactive et à aller chercher des informations sur les sujets qui nous plaisent ou sur les endroits où nous voulons aller. Parfois, c’est faire ce pas supplémentaire qui permet de tout changer.

Finalement et sûrement le plus important : bien savoir s’entourer car c’est le travail en équipe qui fait le plus avancer et qui permet de bénéficier d’appuis positifs au cours de sa carrière : collègues, mentors, réseau, etc. C’est essentiel ! Je mettrais d’ailleurs l’accent sur l’importance de se soutenir entre femmes, pour transformer la réussite individuelle en dynamique collective et surtout durable.

Ceci pourrait vous intéresser

Suivez-nous sur les réseaux sociaux et Abonnez-vous à notre lettre d’information