Les femmes de la DGE, portrait #23 : Valérie Molère

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La Direction générale des Entreprises (DGE) met à l’honneur les agentes passées et actuelles qui font la Direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Valérie Molère, cheffe du Bureau de l’Attractivité, du Développement et des Ressources humaines à la DGE.

Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?

Mon parcours est interministériel, il est marqué par un long et riche passage au ministère de l’Intérieur où je suis restée 17 ans avant de passer 3 années au ministère de l’Agriculture. En 2021, j’ai réussi le tour extérieur d’administrateur civil et j’ai rejoint la DGE en tant que cheffe du bureau des Ressources humaines. Je souhaitais découvrir un nouvel environnement, connu pour son caractère dynamique et innovant, notamment du point de vue RH et je n’ai pas été déçue ! À la suite d’une réorganisation récente, j’ai pris mon poste actuel, centré sur l’attractivité et le développement des carrières des agents et j’en suis très satisfaite.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

J’apprécie la diversité des missions, du recrutement à la formation en passant par l’accompagnement des agents ainsi que de pouvoir investir ces sujets dans une direction engagée sur un plan RH et qui a fait le choix d’y consacrer des moyens. Travailler avec une équipe motivée par les sujets que nous portons compte également pour moi. Nous avons mis en place plusieurs mesures concrètes avec des impacts que nous mesurons et suivons tout au long de l’année :  fixer des objectifs annuels sur l’égalité femmes - hommes en termes de nomination ;  limiter les écarts femmes – hommes dans l'attribution des bonus annuels ; formuler des propositions de promotions au choix paritaires (fonctionnaires), etc.

Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?

En tant que cheffe d’un bureau RH, les sujets égalité femmes - hommes s’inscrivent dans mes missions mais j’y porte aussi une attention d’un point de vue plus personnel. Pour moi, il s’agit de poursuivre sans relâche un chemin plus serein vers l’égalité et je travaille dans cet état d’esprit avec l’ensemble de mon équipe. Il reste beaucoup à faire mais je suis déterminée à participer à mon niveau à défendre à la DGE cette cause du quinquennat.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Oui, en 20 ans, les choses ont évolué même s’il reste encore beaucoup à faire. À mon sens, deux sujets se sont démarqués ces dernières années :

  • L’évolution de la vision de la parentalité : moins de frein à l’embauche pour les femmes, plus de mesures d’accompagnement pour limiter les impacts négatifs d’une absence pour raison parentale, l’encouragement des pères à prendre leur congé paternité, etc. L'égalité professionnelle ne peut, à mon sens, être décorrélée de la question de la conciliation entre les vies familiale et professionnelle. Le plan Égalité de la DGE a d’ailleurs mis en place plusieurs mesures en ce sens.
  • L’égalité salariale entre les femmes et les hommes est également un enjeu important au sein des administrations. L’évolution va dans le bon sens à la fonction publique mais des écarts persistent.

Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?

Je trouve que les programmes de mentorat et d’accompagnement des carrières féminines sont d’excellents leviers. En tant qu’agente, je fais partie du programme Virtuoses, mis en place par le Secrétariat général de Bercy, qui vise à favoriser l’accès des femmes à des postes à responsabilité.

En 2022, avec mon équipe, nous avons mis en place le programme Potenti’Elles qui permet aux agentes de s’affranchir de certaines barrières et de prendre confiance en elle grâce à des formations et sessions de coaching. Parmi les adhérentes, 90% ont obtenu une promotion ou un changement de poste qui leur convenait. Au vu du succès du programme, nous avons décidé de le reconduire pour cette année et de doubler le nombre de participantes, en associant les agentes des Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS).

Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?

L’équité en termes de congé maternité/paternité serait une mesure structurante et permettrait de réduire l’impact professionnel de la grossesse. Il est aussi très important d’intégrer la question de l’égalité professionnelle dans tous les projets pour que le sujet s’impose de lui-même par capillarité au sein de l’ensemble des politiques publiques. Le plan Égalité de la DGE prévoit à ce titre l’intégration d’un volet mixité dans les événements organisés annuellement avec les écosystèmes du numérique, de la sécurité économique, de l’industrie, de l’entreprenariat ou des services de proximité.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?

Par rapport aux difficultés importantes que peuvent rencontrer de nombreuses femmes, je dirais que non. Lorsque mes enfants étaient plus jeunes, il m’est arrivé une fois en entretien qu’un recruteur me demande si je pensais pouvoir assumer les fonctions pour lesquelles je postulais tout en étant maman. J’ai fait semblant de ne pas la comprendre et cela n’est pas allé plus loin mais j’étais contrariée, d’autant que c’était une femme qui m’avait posé la question...

Cela ne m’a pas empêché d’obtenir le poste mais je n’ai pas cherché à prouver à tout prix que je pouvais y arriver en tant que femme et maman, en surinvestissant démesurément le poste ou rompant l’équilibre de mes vies personnelle et professionnelle. J’ai juste travaillé comme un cadre investi, autant qu’un homme l’aurait sûrement fait sans se poser de questions.

Il me semble que l’essentiel est de se connaître, de savoir à quoi on aspire sans vouloir être sur tous les fronts et de s’organiser pour atteindre ses objectifs.

Une figure féminine qui vous inspire ?

Joséphine Baker est une figure universelle qui porte de belles valeurs d’engagement, de partage et de courage. Elle a également porté une vision très moderne de la femme et de la parentalité qui m’inspire beaucoup. Il s’agit aussi du nom de ma promotion du tour extérieur d’administrateur civil, que mes collègues et moi avions choisi avec beaucoup de conviction. Nous avons d’ailleurs été très honorés d’être invités à sa cérémonie de panthéonisation.

Je citerais également Olympe de Gouge en tant que pionnière, il devait être très difficile d’oser être féministe à son époque.

Votre conseil aux femmes de la DGE ? Aux futures agentes ?

Je leur dirais de « se connaître, s’autoriser et s’inspirer », qui est la devise de Potenti’Elles. Selon moi, il est primordial de se connaître pour assumer ce que l’on veut. Si les femmes veulent faire carrière rapidement, elles doivent pouvoir le faire, comme les hommes. Si elles ont envie de faire une pause dans leur carrière, en lien avec la parentalité, les femmes comme les hommes doivent pouvoir le faire. Il faut s’efforcer de suivre ses aspirations personnelles et ne pas s’obliger, sous prétexte d’une hypothétique reconnaissance professionnelle ou d’une quelconque injonction, à vouloir réussir sur tous les plans.

Le plus important, à mon sens, est que les femmes puissent choisir ce qu’elles veulent vraiment faire sans qu’aucune contrainte ne vienne les entraver ou ne les oblige à de trop grands sacrifices. C’est également pour cette raison que le monde professionnel ne doit pas faire peser les contraintes de la parentalité uniquement sur elles.

Mis à jour le 21/11/2023

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