Le tourisme de savoir-faire

En 2019, 15 millions de visiteurs ont été accueillis dans plus de 2000 entreprises françaises. Plébiscité par le public (+30 % de visiteurs depuis 2012), le tourisme de savoir-faire ou tourisme industriel « à la française » est une exception en Europe et dans le monde.

Il se distingue :

  • par le nombre d’entreprises accessibles et la diversité des secteurs représentés (centrales nucléaires, chantiers navals, industries du luxe, artisans d’art…) ;
  • par son contenu, puisqu’il s’agit d’entreprises en activité, où les visites se déroulent « in situ » ;
  • par son périmètre national et désaisonnalisé, quand d’autres pays privilégient une approche locale et/ou évènementielle ;
  • par son potentiel d’ouverture de nouvelles entreprises, lié à la richesse industrielle de la France et à ses marques emblématiques.

Le tourisme de savoir-faire contribue ainsi à la différenciation, à la diversification et à la diffusion de l’offre touristique française sur des territoires dont la fréquentation touristique est limitée. Il représente donc une niche concurrentielle à exploiter, sur laquelle la France, tout en ayant encore une marge de progression non négligeable, est avantageusement positionnée. Il répond aussi à des enjeux économiques et industriels plus larges. Véritable levier de croissance pour certaines entreprises qui vendent essentiellement leurs produits sur site, il permet de valoriser le « Fabriqué en France » et les métiers industriels auprès du grand public, notamment les jeunes.

Une filière qui reste à structurer

Malgré son succès auprès du public, le tourisme de savoir-faire reste encore peu identifié comme une filière touristique à part entière et parfois mal valorisée auprès des touristes, et ce, pour plusieurs raisons

  • l’offre est très atomisée sur le territoire (2000 sites reçoivent 15 millions de visiteurs dont 10 % d’étrangers, quand le Louvre en accueille à lui seul 10 millions) ;
  • le  positionnement d’image de la filière est complexe car les entreprises exercent des métiers très divers ;
  • les initiatives se multiplient autour du tourisme de savoir-faire : des visites d’entreprises sont organisées ponctuellement au plan national (semaine de l’industrie) ou local par les collectivités locales et privés (wesavoirfaire.com) ; les évènements et les outils de promotion de la filière sont nombreux (Semaine de l’Industrie, Made in Angers, Industrielle Attitude à Laval, Journées Régionales de la Visite d’Entreprise en Pays de la Loire, Fête du patrimoine industriel en Alsace, Indust’3 days en PACA…) ;
  • les stratégies de labellisation n’ont pas rencontré le succès attendu (en 2002 « Destination Entreprise » et en 2009 « Qualité Tourisme »).

De ce fait, malgré son succès et son potentiel, la filière de la visite d’entreprise peine à atteindre une taille critique, estimée par la Direction générale des Entreprises (DGE) à 5000 entreprises régulièrement ouvertes au public, ce qui lui permettrait d’être plus visible en France et à l’international. Enfin, le modèle économique de la filière reste encore trop largement dépendant de l’accompagnement public.

Dès 2011, le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) a identifié le tourisme de savoir-faire comme une filière d’excellence touristique et publié un plan d’action pour le soutenir : « 19 mesures en faveur du développement du tourisme de savoir-faire et de promotion à l’international ». Le gouvernement a par la suite régulièrement soutenu le développement et la promotion de l’offre (notamment, la création du Club des 100 sites d’excellence animé par l’Association de la visite d’entreprise et l’organisation des rencontres nationales du tourisme de savoir-faire).

En 2020, sur la base des constats précédemment développés, la DGE a souhaité donner une nouvelle impulsion à la filière en lançant un appel à projet doté de 150 K€ pour sélectionner un projet collaboratif de structuration de la filière associant les fédérations professionnelles, les collectivités territoriales, les réseaux d’accompagnement des entreprises et les acteurs institutionnels du tourisme. Ce projet devait s’articuler autour de quatre axes : la croissance de la filière, la qualité de l’accueil, la mise en tourisme de l’offre et sa promotion, la mise en place d’un modèle économique assurant sa pérennité. L’objectif est de doubler, d’ici 5 ans, le nombre d’entreprises ouvertes au public.

L’Association de la visite d’entreprise, autour d’un collectif de plus d’une vingtaine de partenaires, dont cinq régions (Hauts-de-France, Normandie, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et PACA), treize fédérations professionnelles, ADN Tourisme, Pro France, l’Institut National des Métiers d’Arts et deux universités a remporté cet appel d’offres sur un projet d’environ 900 K€ qui est entré dans sa phase opérationnelle fin 2020.

Début 2022, un premier diagnostic national de la filière sera présenté. Il servira de base à la mise en œuvre de plans d’actions de développement et de promotion de la visite d’entreprise aux niveaux sectoriels et territoriaux. En lien avec les Régions, une partie du fonds « Destination France » du plan du même nom  pourra la suite être mobilisée pour accompagner des PME dans leur projet d’ouverture au public.

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Mis à jour le 15/12/2021

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