Tourisme de bien-être

La filière du tourisme de bien-être comprend deux activités distinctes : le thermalisme et la thalassothérapie.

Le thermalisme

Une filière essentielle pour l'économie des territoires

Pratiqué depuis l’antiquité, remis en vogue à la fin de XIX ème siècle, avec le développement des villégiatures  thermales, puis médicalisé dans les années 50, le thermalisme est considéré comme une filière à part entière de l’offre touristique française. La fillère thermale se compose de 97 établissements répartis dans 88 stations thermales principalement installées (pour 80 %) dans trois grandes régions thermales (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine). Ils reçoivent  environ 580 000 curistes pour 16 millions de nuitées en hébergement marchand. Ces chiffres, font de la France le troisième pays européen en termes d’offre et de fréquentation thermale.

Implanté dans des communes rurales ou de montagne dont 71%  ont moins de 5 000 habitants, le thermalisme a des retombées économiques globales essentielles pour ces territoires fragiles. Elles sont estimées en 2019 à 4,9 Mds€ pour près de 26 000 emplois (ETP), dont 499 M€ de chiffre d’affaires pour 6600 emplois directs (ETP). Les dépenses des curistes dans les stations (hébergement, restauration, loisirs) sont évaluées à 1,2 Md€ soit 47 €/jour pour les curistes et 51 € pour les accompagnants. Enfin, 60 % des dépenses des entités thermales sont faites auprès de fournisseurs locaux, dont un tiers sur leur commune d’implantation.

Durant la dernière décennie, la fréquentation de thermes a progressé de 17 %, puis amorcé une légère décrue conjoncturelle en 2019, du fait de fermetures exceptionnelles d’établissements et, selon le Conseil National des Exploitants Thermaux (CNETh), de la baisse du pouvoir d’achat des curistes (hausse de la CSG et report de revalorisation des pensions). En 2020, la crise sanitaire a particulièrement impacté l’activité, du fait des fermetures administratives des établissements et du profil des clientèles thermales (plus de 65 ans), qui n’a pas permis le rebond estival attendu. Le nombre de curistes et le chiffre d’affaires ont ainsi chuté de 60 % Cette baisse s’est répercutée sur le chiffre d’affaires des établissements, leurs achats (-57 %), leurs investissements (- 37 %) et les reversements de taxes (-46 %).

Mais une filière structurellement fragile

Cette crise a par ailleurs mis en lumière les fragilités structurelles du secteur. A l’inverse de celui des autres pays européens, le modèle économique thermal français repose en effet principalement sur les cures médicalisées, et s’adresse en prédominance des clientèles seniors. Si les courbes démographiques permettent d’envisager une hausse tendancielle du nombre de curistes dans les prochaines années, l’évolution du pouvoir d’achat des retraités et des modalités de prise en charge des cures par l’Assurance maladie seront des facteurs déterminants de la fréquentation. Les établissements devront également soutenir la concurrence de destinations thermales à bas prix (bassin méditerranéen, Europe de l’Est), du thermalisme haut de gamme de l’Allemagne ou du Luxembourg et donc conquérir de nouvelles clientèles, plus jeunes, plus familiales et plus locales. La gestion directe des établissements par les collectivités locales (notamment les régies, qui représentent 16 % des établissements) a montré aussi ses limites, faisant peser sur les finances des collectivités la charge financière de la crise. Enfin, en 2021, les difficultés de recrutement, en particulier pour les personnels paramédicaux et les médecins thermaux a remis au premier plan la question de la formation et de l’attractivité des professions du thermalisme.

Qui doit poursuivre sa transformation pour attirer de nouvelles clientèles

Pour répondre à ces enjeux, les efforts de transformation de la filière, entrepris ces dernières années devront être poursuivis et renforcés. En particulier, pour les exploitants et les collectivités :

  • la poursuite de la rénovation et de la modernisation des établissements, en réduisant leur impact sur l’environnement. Ces dix dernières années, la filière a fortement investi : Entre 2010 et 2015, 405 M€ ont permis de moderniser, d’agrandir, de créer ou de rouvrir des centres comme à Saint-Jean-d'Angély ou à Nancy. Entre 2016 et 2021, ces investissements devaient atteindre 825 millions d’euros mais ce chiffre pourrait être révisé à la baisse du fait de la crise sanitaire. ;
  • l’optimisation de leur gestion, notamment via le transfert des régies à des exploitants privés ;
  • la diversification des prestations proposées, en vue de toucher de nouvelles clientèles, curistes comme accompagnants (thermoludisme, courts séjours, remise en forme, éducation à la santé etc.) ;
  • la mobilisation de l’ensemble des opérateurs touristiques des stations thermales pour promouvoir et enrichir l’offre thermale en offrant aux touristes des infrastructures et des activités attractives, reposant sur les richesses de leur territoire (randonnées spectacles, visites de sites…).

Pour l’État et ses opérateurs (Bpifrance, Banque des Territoires, ANCT, ADEME…) il s’agit de continuer d’accompagner les opérateurs dans cette  transition, en particulier via :

  • des aides en ingénierie pour accélérer la concrétisation de projets à forte valeur ajoutée autour du thermalisme, comme l’évolution des villes thermales vers des stations de « pleine santé » ;
  • l’octroi de prêts de long terme et de garanties mobilisables pour les projets de rénovation ou d’extension de centres thermaux et d’hébergements dans les stations thermales ;
  • pour les stations éligibles, les programmes nationaux d’appui proposés par l’Agence Nationale de la cohésion des territoires (ANCT), en particulier les pactes de territoire, Petites villes de demain, Agenda rural, France très haut débit ;
  • L’adaptation des métiers et des qualifications autour du thermalisme ;
  • le soutien à la mise en œuvre de l’observatoire de l’économie des stations thermales, destiné à mesurer régulièrement les retombées économiques directes et indirectes du thermalisme sur les territoires.

Pour accélérer le renouveau du thermalisme, le Gouvernement a nommé en septembre 2021 un coordinateur interministériel chargé de la relance du thermalisme et du tourisme de montagne en la personne de Monsieur Jean-Yves GOUTTEBEL, ancien Président du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme.

La Thalassothérapie

La France, précurseur de la thalassothérapie

Née en France à la fin du XVIIIème siècle, la thalassothérapie se définit comme l’utilisation combinée, sous surveillance médicale, des bienfaits du milieu marin : le climat, l'eau de mer, les boues marines, les algues, les sables et autres substances extraites de la mer, à des fins curatives ou préventives. Les soins s'appuient sur les principes de l'hydrothérapie utilisant une eau de mer  pompée en profondeur à quelques centaines de mètres du bord est ensuite chauffée entre 31 °C et 40 °C, ce qui permet de dilater les pores de la peau et de faire circuler les oligo-éléments dans l'organisme. Contrairement au thermalisme, la thalassothérapie est avant tout généraliste et les centres ne se distinguent que par leur implantation et leur réputation.

Depuis son origine, la thalassothérapie a vu se succéder trois générations d’établissements : du XIXème siècle aux années 1960, des centres de rééducation fonctionnelle à Dieppe, Boulogne, Sète, Le Croisic. Berck-sur-Mer, Arcachon ou Roscoff, destinés à soigner sous surveillance médicale des pathologies lourdes (polytraumatismes, poliomyélite, maladies respiratoires ou rhumatismales..), puis des « instituts de thalassothérapie » moins médicalisés, avec un patronage sportif (comme le centre Louison Bobet à Saint-Malo ouvert en 1964). Enfin, à partir des années 1990, se sont ouverts des complexes hôteliers « thalasso-spas » destinés à la remise en forme, privilégiant un hébergement haut de gamme et moins médicalisés.

On compte aujourd’hui une cinquantaine de centres de thalassothérapie en France, répartis sur les trois façades littorales (et un en Corse), avec une prédominance des centres sur la façade atlantique, en Nouvelle Aquitaine (14) et en Bretagne (9). Pour des raisons pratiques et de confort, ils se sont développés sur un concept d’hôtellerie intégrée. Les curistes sont pris en charge de manière globale et peuvent ainsi aller librement de leur chambre aux salles de soins et de détente. Plus rarement, certains développent des partenariats avec les structures d’hébergement à proximité afin de pouvoir proposer différentes formules de séjour en fonction du budget des curistes. Il s’agit principalement d’établissements de grande taille (2 000 m² en moyenne), qui accueillent plus de 9 200 curistes chaque année (contre 5 300 curistes en moyenne pour les thermes).

Depuis 2014, on constate une «progression du nombre des clients de l'ordre de 2 % par an dont le nombre est d’environ 500.000 curistes par an, pour un taux d’occupation moyen annuel de des hébergements de 70 %, contre 63 à 66 % pour l’hôtellerie traditionnelle. Le chiffre d'affaires du secteur est de près de 300 millions d'euros en y intégrant l'hébergement et la restauration.

Des marges de progression existent, en particulier, la clientèle de la thalassothérapie est encore à 97 % française. Les Européens comme les Allemands, très consommateurs de soins à base d'eau, fréquentent essentiellement les stations thermales.

Un secteur résilient

Ces vingt dernières années, la thalassothérapie a dû faire face à trois défis :

  • le déremboursement des séjours de thalassothérapie et le développement des spas hôteliers
  • le développement de la concurrence du pourtour méditerranéen et en particulier des pays du Maghreb, qui bénéficient d’un climat attractif, d’une main d’œuvre qualifiée (parfois formée en France), moins onéreuse, et de l’essor des vols aériens à bas coûts ;
  • l’accroissement de la concurrence liée à l’ouverture de nouveaux établissements, notamment la création de nouveaux complexes modernes positionnés sur le haut de gamme (Boulogne-sur-Mer, Saint-Hilaire-de-Riez, Villefranche-sur-Mer), au développement des centres de balnéothérapie et des spas hôteliers sur tout le territoire, y compris dans les centres villes (en outre plus faciles à implanter et moins onéreux à exploiter car ils n’utilisent pas l’eau de mer) ;
  • l’apparition de nouvelles formes de commercialisation de l’offre, via les plates-formes de réservation généralistes ou spécialisées (Thalasso, Thalasso Passion…), les sites de ventes privées ou de ventes groupées, les coffrets cadeaux qui tirent les prix à la baisse.

Fort de l’engouement croissant des clientèles pour les activités de bien-être, les exploitants ont néanmoins su s’adapter grâce à :

  • la consolidation ou le regroupement d’acteurs historiques au sein de grands groupes, en lien avec des chaînes hôtelières qui leur permettent des économies de gestion, notamment utilisées pour renforcer la commercialisation des offres et contrer les plates-formes d’intermédiation ;
  • des rénovations d’envergure, achevées dans des établissements emblématiques (Saint-Malo, Dinard, Deauville, Les Sables-d’Olonne, le Touquet, Perros-Guirrec…). La thalassothérapie fait partie des secteurs touristiques qui ont ainsi connu une progression de leurs investissements supérieure à 25% entre 2005 et 2012.
  • l’élaboration en 2015 d’une norme Afnor expérimentale XP50-844 « Thalassothérapie -  exigences relatives à la prestation de service », sous l’égide de France Thalasso, qui fixe aux opérateurs des exigences minimales en matière de typologie de soins, d’hygiène et de formation des personnels ;
  • une stratégie de diversification de l’offre du curatif vers le préventif, en incluant la prise en charge globale du capital santé des clients au travers d’activités diverses (séjours thématisés autour de la gestion du stress, la diététique, la remise en forme physique, sport, visites touristiques...), l’utilisation de techniques de soins innovantes (cryothérapie, luminothérapie, champs magnétiques, aquabiking…), la personnalisation croissante des séjours (« à la carte », le recours aux technologies numériques pour la gestion quotidienne des séjours (réservation quotidienne des soins, des activités annexes, choix des repas, suivi individuel des résultats…) et la prescription des soins.

Mis à jour le 20/11/2023

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