Éléments de consolidation

Les trois valeurs socle du tourisme de demain : les relations au temps, à l’espace, aux racines.

Le temps

Dans un monde accéléré, s’affirme aujourd’hui le besoin de retrouver un savoir-vivre qui permet de profiter des petits bonheurs et des petits plaisirs. Deux extrêmes bordent cette relation au temps : d’un côté les tenants du tout speed, accros aux outils numériques et au zapping, de l’autre les tenants de la lenteur, tendance new-age et adeptes du fait main. [1]

Dans les faits, il s’agit de pouvoir rester maître du temps et ne pas se tromper de tempo en alternant habilement vitesse et lenteur, vitesse et efficience pour les temps contraints et subis et lenteur et jouissance pour les temps libres et choisis.

Le slow tourisme s’inscrit dans cette dimension de la lenteur, au moins pour ses composantes majeures, motifs du séjour touristique. Le slow tourisme est une réponse adaptée à cette évolution structurelle des valeurs.

L’espace

Cette valeur doit être abordée à la fois dans sa dimension d’accessibilité, à la fois dans celle d’environnement.
L’accessibilité est liée aux moyens et au temps d’accès de la destination touristique. Au cours du XXème siècle, la distance relative s’est considérablement raccourcie par le développement des transports de plus en plus rapides. Cependant, cette accélération liée directement à l’augmentation du niveau de vie atteint ses limites économiques et environnementales. Il n’est pas certain que l’on puisse poursuivre cette tendance sur le long terme même si, pour l’instant, l’heure est au low-cost et non à la baisse de cette vitesse économique. [2] 

La demande croissante de « naturalité », couplée à la prise de conscience générale des incertitudes et des menaces qui pèsent sur l’environnement, conduit à porter une attention particulière aux destinations de nature, de terroir et à leurs composantes environnementales. Favoriser l’immersion au cœur des terroirs, la contemplation, la découverte sensible et l’initiation à la nature et plus généralement aux patrimoines, encourager la consommation de produits locaux et des circuits courts... deviennent une nécessité d’une part pour répondre aux attentes des visiteurs, d’autre part pour permettre le développement d’un tourisme au profit des territoires d’accueil et des populations résidentes. Le slow tourisme en France répond en totalité à ces attentions.

Les racines, le retour aux sources

Un mouvement dynamique de “retour aux sources”, de demande de repères et de différenciation est aujourd’hui profondément à l’œuvre en réaction aux dégâts causés par la mondialisation, en parallèle des prises de consciences écologiques, environnementales et sociales.

Après la standardisation des mœurs, de la nourriture et de la mode, est en train d’arriver le temps de l’affirmation de soi, de la remise au goût du jour des coutumes locales, d’une promotion assumée d’authenticité, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne, et du rejet de cette standardisation qui a marqué nos sociétés depuis les années 80. Le besoin d’authenticité, de se doter de nouveaux repères de proximité, de nouvelles identités locales et régionales plus vraies, singulières, simples et ouvertes à l’autre s’affirme. La recherche de cadres « identitaires » positifs, à échelle humaine, est une réalité pour des séjours touristiques qui doivent permettre de vivre à la fois une aventure maîtrisée, une découverte partagée et des émotions. Le slow tourisme en France répond à ces aspirations.[3]


[1] Le culte de l'urgence - La société malade du temps, 2019, Nicole Aubert, sociologue et psychologue.

La slow life, “Francoscopie 2005 ” Gérard Mermet, sociologue ;

L’Homme face au temps in « Veille de l’école du design, Nantes Atlantique », février 2015 par F. Lorthiois

[2] La vitesse économiqueYves Crozet,  Forum vies mobiles, publié le 3 Juin 2019

[3] Le besoin d’ancrage territorial, revue Influencia, publié le 10 avril 2018

Mis à jour le 26/09/2022

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